M.portrait chimérique

Ma mère explosait de colère pour un rien , elle criait plus
souvent qu'elle ne parlait et sa maladie la submergeait par vagues, l'engloutissait parfois pendant des semaines , des mois.
Quand la maison était calme , je passais parfois du temps dans sa chambre , à rêvasser et à fouiller dans ses affaires.
J’essayais ses escarpins devenus trop étroits , ses vêtements qui ne lui allaient plus.
Des photos d'elle en noir et blanc me révélaient une autre personne et
sans m'en rendre compte , je cherchais à faire coïncider l'image de deux femmes que rien ne reliait.
À l'adolescence, je pensais assez curieusement que c’était mieux d’avoir cette mère là, que d'en avoir une plus ordinaire et je jugeais sévèrement ceux qui la critiquaient.